Dans trois mois très exactement, la réforme de la LPP sera soumise au vote. Partisans et opposants se forment, les campagnes sont lancées.

Rarement des groupes aussi hétérogènes n’ont dû s’affronter. Certes, les opposants classiques – employeurs et PLR contre syndicats et PS – se trouvent au centre, mais autour d’eux se sont rassemblés des deux côtés des acteurs d’origines très diverses. Le schéma classique gauche/droite ne convient pas.

Le Centre Patronal combat la réforme et veut lancer sa propre publicité. Les experts en CP sont eux aussi fermement opposés, tout comme Gastro Suisse. Diverses associations se tiennent à l’écart par respect politique.
Les partis bourgeois, y compris l’UDC et les Verts libéraux, sont favorables à la réforme. Les assurances soutiennent clairement la réforme. L’ASIP s’engage également en faveur de la réforme, mais des directeurs de CP influents la critiquent avec véhémence. Les femmes sont aussi divisées que les employeurs.

L’Union suisse des arts et métiers s’est étonnamment prononcée à une large majorité en faveur de la réforme, mais sa fondation de prévoyance vient de publier des chiffres qui sont désastreux pour le projet. Et comme Aldo Ferrari, le vice-président du conseil de fondation, est un éminent syndicaliste, on peut s’attendre à ce que ces chiffres soient utilisés sans modération jusqu’à la votation. Il peut espérer le soutien de Hans-Ulrich Bigler, le président. Une combinaison qui n’est pas atypique pour cette réforme.

La caissière Migros, souvent citée, n’est pas un bon exemple d’argumentaire pour la réforme, puisqu’il est prouvé qu’elle n’est concernée par la réforme que dans la mesure où elle peut espérer recevoir un supplément difficilement justifiable, qui lui parviendra par des canaux de redistribution opaques. En ce qui concerne les coiffeuses, Proparis a comblé le vide. Elles sont trop peu nombreuses.

La propagande de gauche est populiste et trompeuse avec le slogan de «l’arnaque aux rentes». Et elle est si peu convaincante qu’elle serait presque une raison suffisante pour voter en faveur de la réforme. Ce qui lui manque en substance provient en revanche des experts en prévoyance et des caisses de pension, une sorte d’alliance contre nature. Dans l’état actuel des choses, elle devrait être difficile à battre. Comme le dit la NZZ, elle risque de se solder par un échec, et pas seulement pour le Parlement.

Les créateurs du projet poursuivaient de nombreux objectifs et intentions, une modernisation efficace et peu coûteuse de la LPP n’en faisait pas partie. Une occasion manquée.

Peter Wirth, e-mail